Dans le cadre de la programmation du Studio, consacré aux artistes émergents, la MEP présente It’s Alive!, une exposition de la photographe française Estelle Hanania, consacrée au travail de la metteuse en scène et chorégraphe Gisèle Vienne, notamment autour des marionnettes et de la ventriloquie.
Estelle Hanania s’est déjà intéressée au folklore, se focalisant sur les pratiques liées aux rites, costumes et masques vernaculaires, qu’elle utilise pour aborder la problématique plus large des mécanismes qui forgent l’identité. À travers sa pratique, elle s’intéresse à ce qui rend le corps humain unique, aux nombreuses transformations qu’il peut subir, par le costume ou le déguisement notamment. Ses séries de photographies sont le fruit de projets et de recherches menés sur de longues périodes, au cours desquelles se noue une relation étroite avec les gens ou les communautés qu’elle immortalise. Son goût pour les traditions ancestrales et les pratiques culturelles l’ont conduite en Indonésie, au Japon et dans les régions montagneuses d’Europe. Son approche artistique n’est en revanche ni documentaire ni anthropologique : elle ne cherche pas à prouver ni à illustrer une théorie. Ses sujets, au contraire, restent nimbés de mystère.
Le point de départ de cette exposition, It’s Alive! est le dernier livre éponyme d’Estelle Hanania, publié par Shelter Press, qui revient sur les dix années de collaboration entre la photographe et l’artiste et metteuse en scène Gisèle Vienne.
À partir des spectacles chorégraphiés par Gisèle Vienne, qui a souvent recours aux marionnettes ou à la ventriloquie, Estelle Hanania a créé des séries qui sont à mi-chemin entre réalité et fiction, entre le perceptible et l’invisible. Ses photos, loin d’un compte-rendu documentaire, mettent en lumière ce qui est moins tangible pour le spectateur. Ce ne sont pas de simples photos prises au cours des spectacles ou des répétitions : l’artiste ne fournit au spectateur aucune information claire et lisible. Prenant ses distances avec les représentations traditionnelles du théâtre, elle s’intéresse aux détails qui interviennent loin du plateau, hors cadre. Ici, ce sont les fragments, les indices qui permettent au spectateur de reconstituer une histoire. La figure humaine occupe une place essentielle dans le travail d’Estelle Hanania comme dans celui de Gisèle Vienne, elles jouent toutes deux sur la confusion entre animé et inanimé afin de laisser planer une forme d’incertitude dans l’esprit du spectateur.